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- CARTE. Les événements de violence au Mali de janvier à février 2016.
- CARTE. Les événements de violence au Mali de septembre à décembre 2015.
- ANALYSE. Vacances gouvernementales et prise d'otage au Mali
- ANALYSE. Les groupes armés dans le gouvernement et la tenue des élections locales
Grille d’analyse des tensions
De la typologie des facteurs à l’architecture des données
En 2012, l’invasion du septentrion malien par des groupes djihadistes et indépendantistes plonge le pays dans une crise politique et sécuritaire grave. Les trois régions du Nord Mali tombent alors sous la coupe de groupes aux intentions diverses concernant la gouvernance des territoires qu’ils contrôlent.
Face à cette déstabilisation et aux drames humains liés au conflit qui s’engage, les organisations humanitaires, les mouvements de solidarité internationales et les collectivités territoriales qui avaient noué des liens de coopération décentralisées avec des partenaires au Mali s’interrogent sur la manière de poursuivre au mieux ces coopérations en conservant comme priorité l’objectif du soutien aux populations et aux institutions du Mali.
Le projet développé par l’Ecole de la paix vise à proposer une méthodologie d’analyse des situations de tensions au Mali dans l’objectif de partager une information permettant aux acteurs pertinents d’agir, collectivement, pour désamorcer les tensions et prévenir les drames humains. Cette analyse a été développée sur la base de travaux du GRIP à Bruxelles (voir en particulier le travail de Michel Luntumbue ici) l’analyse de que l’Ecole de la paix a cherché à opérationaliser par un système d’information permettant de suivre l’actualité malienne.
Cette grille est donc un outil au service d’une analyse plus globale, à réaliser collectivement et de manière pluraliste.
Analyse des facteurs de tension au Mali
Afin de proposer une représentation graphique de l’analyse des tensions au Mali, l’Ecole de la paix a mis au point le schéma suivant. La forme concentrique permet d’identifier à la fois la diversité et la multiplicité des facteurs de tension alors que le choix d’une variation d’intensité des couleurs figure la variation des impacts de chaque facteur.
Pour lire cette grille, il faut en comprendre les éléments, qui sont les suivants :
La grille se compose de 5 quartiers, représentant chacun, via un jeu de couleurs propre, un domaine de tension: fragilité institutionnelle (bleu),capacité à protéger (brun), fragilité des écosystèmes (jaune), fragilité économique (vert), fragilité sociale (violet).
Chaque quartier est composé de trois parties figurant différents niveaux de
facteurs :
– les facteurs structurels qui ont trait aux éléments les plus profonds de l’organisation sociétale et dont les conditions n’évoluent qu’à la condition de changements profonds (type de régime, évolution du climat, système économique)
– les facteurs amplificateurs qui ont traits aux activités ou pratiques dont l’effet contribue à renforcer les tensions liées aux déséquilibres structurels
– les facteurs déclencheurs qui correspondent aux évènements majeurs qui, agissant comme une étincelle, agissent comme déclencheurs d’une crise ou d’un drame humain.
Le choix d’une représentation graphique
– Cercles concentriques et variation d’intensité
L’association des quartiers et des niveaux de facteurs permet de comprendre les relations qui peuvent exister entre différents types d’éléments au sein de chaque domaine de tension, mais aussi de figurer les interactions possibles (à vérifier à chaque instance) entre éléments de tension. Chaque crise, quelle que soit son échelle, n’est jamais la conséquence que d’un facteur ou que d’un ensemble de facteurs liés à un domaine unique de tension.
La multifactorialité des crises est la règle. La conjonction des évènements de niveaux différents l’est aussi. Une crise n’est jamais le résultat d’un simple facteur déclencheur mais bien la conséquence d’un contexte d’approfondissement des tensions qui ne trouvent pas de désamorçage et dont la progression n’a pu être empêchée.
– Intégrer la notion d’espace et de temps
Une des difficultés identifiées au cours de ce projet consiste à intégrer la dimension temporelle et géospatiale de chaque facteur de tension.
La dimension temporelle consiste à comprendre l’impact d’un facteur de crise et son évolution dans le temps. L’hypothèse ici est celle d’une temporalité plus longue pour les facteurs de type structurel, d’une temporalité de moyen terme pour les facteurs amplificateurs puisque leur évolution dépend principalement d’interventions humaines et d’une temporalité courte voire immédiate pour les facteurs déclencheurs.
Si les facteurs structurels peuvent être pensés comme affectant l’ensemble du territoire et l’ensemble des populations sur le long terme, les facteurs amplificateurs sont eux liés au moyen terme puisque liés à l’impact des activités humains et des lois (ils peuvent donc évoluer plus facilement). Les facteurs amplificateurs, c’est l’hypothèse de travail, peuvent n’affecter que des parties du territoire national et donc des groupes sociaux plus particulièrement.
Enfin, les critères déclencheurs, seraient liés au court terme, à l’instant, et donc avoir un impact territorial beaucoup plus localisé en terme d’épicentre de crise.
La dimension géospatiale d’un facteur de tension ou plutôt d’un événement, est également importante pour comprendre l’évolution des tensions à une échelle territoriale. Les facteurs structurels, puisqu’ils
affectent l’organisation générale ont un impact territorial et donc humain large, alors que les facteurs déclencheurs vont être, le plus souvent, très locaux. Il n’est pas exclu qu’un phénomène très précis, territorialement, puisse avoir un impact très large cependant.
– Fournir plus qu’une photographie, une image évolutive
L’aspect de la grille d’analyse doit permettre de présenter les interactions possibles entre les évènements de l’actualité malienne en conjuguant à la fois les dimensions factorielles, temporelles et spatiales.
Pour aller au-delà d’une photographie qui établit la liste des tensions momentanées, le choix est fait de permettre une analyse évolutive qui intègre un traitement de l’information régulier qui classifie les événements nouveaux selon leurs impacts sur différents facteurs de tension.
Par ailleurs, les configurations de tension sont en évolution constante. La grille présentée ici doit donc faire figurer également les éléments d’actualité qui permettent un apaisement, un désamorçage des configurations de crise.
Opérationnalisation de la grille
Le but du projet est bien d’ordonner les informations afin d’en faciliter la compréhension et l’analyse. Les informations captées sont donc codées selon cette grille d’analyse permettant ainsi de faire apparaitre des systèmes de tension en évolution.
A intervalles réguliers, ces informations et ces analyses seront publiées sous le lien suivant (cliquez ici).
Ces analyses seront complétées par un ensemble de cartographies représentant les données les plus pertinentes pour suivre l’évolution de la situation malienne (cliquez ici)