Très-Cloîtres

Grenoble est une grande ville qui fait régulièrement parler d’elle dans le domaine de l’innovation, du sport et de la montagne, mais aussi dans le domaine de l’expérimentation sociale et politique . Pourtant, on oublie parfois ses habitants. Ceux de Très-Cloîtres, au cœur même du Grenoble historique se sentent un peu insulaires dans l’image que le reste de la ville et de ses habitants leur renvoient.

Très-Cloîtres fait partie historiquement de la ville ancienne, ce Cularo des Romains qui a posé les frontières, encore visibles aujourd’hui, d’une ville qui a grandit avec sa population. Très-Cloîtres, c’est de tous temps, le lieu des bordures du centre de la ville mais aussi le territoire qui a accueilli ceux qui arrivaient d’ailleurs: populations en errance au Moyen-âge, migrants ruraux puis migrants d’Europe et d’Afrique du Nord au XXe siècle.

A l’habitat devenu insalubre dans les années 60, les autorités ont apporté les premiers éléments de réponse en rénovant le bâti et en érigeant de nouveaux ensembles d’habitat social. Il reste aujourd’hui de Très-Cloitres un habitat mixte composé des héritiers des vagues d’immigration italienne, espagnole et algérienne et de nouvelles populations dont les codes sociaux sont différents.

Depuis 2010, l’Ecole de la paix a initié avec l’IEP Grenoble, un ensemble d’actions sur ce territoire. Elodie Veyrier a conduit un projet de recherche ethnographique auprès des habitants. Anthropologue de formation, elle a su faire ressortir la parole des habitants par ses entretiens, par des portraits, mais aussi en participant activement à la co-construction de la vie et de l’animation des citoyens de ce quartier. Son travail nous a donné envie de faire plus et mieux pour faire partager l’histoire de ce lieu et de ses habitants.

L’apport du numérique

Les entretiens d’Elodie et les travaux d’analyse menés par les étudiants de l’Ecole d’Architecture de Grenoble ont fait ressortir un sentiment d’isolement, d’exclusion et d’abandon chez les habitants et les commerçants du quartier. Pourtant, ce bout de territoire est partie intégrante du centre-ville conçu dans sa dimension historique et du même coup géographique. L’une des facettes de la problématique est donc celle du rapport à l’espace physique mais aussi social.

Les nouvelles technologies de la communication permettent aujourd’hui de repenser le rapport à l’accès à l’information et à la cartographie. La technologie de la réalité augmentée, qui permet, sur un support numérique type tablette ou smartphone, d’afficher une information sur l’image de la réalité capturée par la caméra de l’appareil, est une petite révolution aujourd’hui mobilisable.

Grâce à un partenariat avec l’équipe TYREX du Laboratoire d’Informatique de Grenoble (INRIA-UJF) et les équipes du projet européen VENTURI (FP7), l’Ecole
de la paix entend mettre en place le projet Très-Cloîtres Numérique ou TCNum.

Conçu comme un parcours de visite du centre-ville de Grenoble et du quartier Très-Cloîtres en réalité augmentée, ce projet vise à faire redécouvrir les richesses de l’histoire sociale aux enfants et à sensibiliser les adultes au numérique dans le cadre de la prise en compte de la fracture numérique.

Les buts poursuivis sont les suivants :

– Faire (re)découvrir l’histoire sociale du centre-ville aux enfants et aux visiteurs

– Sensibiliser les parents et grands-parents au numérique

– Susciter l’échange intra-familial autour de l’histoire d’un lieu et des technologies

Contribuer à la valorisation de cet espace du centre-ville.