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Pacte Civique de l’Isère: réaction
Par Florent Blanc. La question qui nous réunit toutes et tous est celle de trouver les moyens de contribuer à une démocratie forte et vivante. Comprendre comment participer à cette démocratie est une question qui doit être précédée me semble-il d’une interrogation sur les raisons de la nécessité de participer, c’est-à-dire une recherche des motifs d’agir et de vivre ensemble. Il faut donc revenir un peu aux bases de notre sujet et questionner les termes comme nous l’y a invité l’un des participants présents.
La raison du pourquoi est à la fois simple et complexe. Simple parce que nous devons penser que c’est en donnant à chacun la possibilité de décider que nous pourrons tous ensemble, collectivement, ici et ailleurs, contribuer à des solutions et des changements qui amènent un monde meilleur, plus juste, équilibré, fort de sa richesse humaine et de perspectives de progrès capable de réaliser l’idéal d’un bonheur humain durable.
La démocratie, c’est donc le moyen vers un but. C’est la possibilité donnée à chaque membre de la société, quelque soit son statut, simplement par le fait d’être un être humain, de participer à l’élaboration des choix communs. On se doit donc de distinguer ici démocratie et simple exercice du droit de vote.
Le rôle, à mon avis, que doit se donner le Pacte Civique, consiste à devenir un levier de la participation à cette démocratie locale, nationale et peut-être un jour internationale.
Pour cela, je vois deux axes principaux. Le premier c’est celui d’inviter à la participation. En incitant à participer de quelque manière que ce soit, dans le sens le plus large possible du terme. Participer à un geste convivial – la soupe proposée hier soir par nos amis du Zeybu, le partage d’un paquet de gâteaux – ou d’une action collective – association, événement, réaction. Mais participer c’est aussi prendre part non pas seulement aux décisions mais aussi à leur préparation : réunions préparatoires, débats citoyens, rencontre avec des élus, des acteurs de la société…
La participation, c’est la base d’élaboration d’une société plus humaine qui prendrait racine dans l’empathie, la capacité de l’être humain de se sentir proche du sort des autres. Participer, c’est dépasser ses propres intérêts pour se rendre compte que notre interconnexion et notre interdépendance nous obligent à agir ensemble pour régler des problèmes que nous avons en partage et dont les solutions échappent à l’individu.
L’autre aspect de la démocratie, c’est le choix ou les choix qu’elle implique de faire.
Les acteurs politiques mais plus généralement les personnes placées en position de direction, agissent comme des filtres, des prismes au regard desquels des informations diverses transitent pour être restituées au public sous une forme concentrée faisant l’objet de choix guidés par des intérêts donnés. Cette fonction de communication est aussi à comprendre comme un
attribut de pouvoir et donc, malheureusement, de domination puisque les deux vont de pair.
Sous l’effet de ce prisme, la complexité de la crise économique actuelle est présentée aux citoyens que nous sommes sous une forme immuable : acceptez les réformes que je vous propose, ou subissez le chaos. La nature ou le contenu des réformes n’a ici pas beaucoup d’importance, les informations transmises ont pour but de simplifier le choix proposé jusqu’à n’offrir qu’une absence de choix.
La fonction d’une société civile organisée est donc de restaurer l’horizon des possibles. Restaurer la démocratie c’est donc faire un travail de débat, mais aussi d’invention de nouveaux possibles. Est-ce qu’il n’existe pas une autre alternative que le chaos des réformes de la rigueur budgétaire ? Est-ce qu’il n’y a pas une autre voie possible entre une dérégulation à l’anglaise et un interventionnisme d’un autre temps ?
Si le Pacte Civique se cherche un mode d’action, je suis intimement convaincu qu’il est à chercher dans cette direction (des alternatives sont même sûrement à trouver/inventer).
Un premier exercice c’est de réinventer un comportement démocratique et apprendre à se défaire de ses réflexes. Ne pas proposer de choix limité, écouter les autres, discuter de chaque proposition, veiller à ne pas détourner ou fixer de limite aux débats, ne pas imposer, ne pas phagocyter.
L’exercice est ardu mais en démocratie, la voix d’un être humain doit avoir la même valeur que celle de son prochain. La problématique de l’élargissement du débat à d’autres classes d’âge, à d’autres groupes, doit répondre de ce souci de l’écoute attentive.
En posant des questions ouvertes plutôt que des possibilités contraintes, le Pacte Civique et ses participants doivent se faire les grandes oreilles de la démocratie. Mais ouvrir ses oreilles pour capter quoi exactement ?
Et c’est là que le travail commence…
(Grenoble, 6 mars 2012)
PS: dans les semaines qui ont suivi la rédaction de ce billet, envoyé aux membres du groupe Pacte Civique de l’Isère, ses organisateurs ont organisé ce moment de convivialité avec les Amis du Zeybu. Ils ont par ailleurs obtenu à deux semaines des élections législatives que les candidats en lice viennent présenter leurs programmes et répondre aux questions des citoyens réunis dans les salons d’honneur de la mairie de Grenoble le 29 mai 2012.
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